LA SÉCURITÉ ET LA SURETÉ EN RÉALITÉ.
Nous oublions souvent les nuances que cette distinction implique dans la gestion des risques. La sécurité suppose que la source (humaine ou naturelle) ne cherche pas à nuire. La sureté implique le désir de produire un dommage sur vous, ou sur une autre cible. Pensez sécurité routière, accidents non intentionnels et sureté ferroviaire sabotage ou attentat. Deux salles, deux ambiances. Deux approches différentes.
Ce point nous permet de compléter le triptyque santé – sécurité – sureté : appliquons maintenant notre méthodologie d’analyse aux derniers piliers. Pour préparer notre expédition sauvage, découpons l’aventure en 3 parties: avant l’arrivée sur zone isolée, sur le terrain et enfin, retour « à la vraie vie ».
Avant l’arrivée sur zone isolée :
Avez-vous pensé aux :
- Risques liés à la confidentialité, aux conflits interpersonnels, à la réputation, aux problématiques économiques et logistiques. Paris est une vraie jungle !
- Accidents et incidents lors des déplacements, impactant personnes et matériel : retards d’avion, accident de 4×4, matos endommagés, vols ou attentats. Tempêtes et inondations pointent leur nez.
- Certains risques liés à la criminalité se cristallisent dans les grandes villes, lieux publics ou logements : vols à l’arraché, agressions, trafics, extorsions. Les incendies dans les petits hôtels sont très fréquents. Vous devez encore glaner quelques autorisations ? Les conflits administratifs avec les autorités pourraient mener à des détentions temporaires et autres interrogatoires parfois intimidants.
Sur le terrain :
Exit le brouhaha de Quito. Dans la pampa, les dangers viennent de la Nature, plus des humains. Oui, et non. Les catastrophes naturelles et les attaques d’animaux sanguinaires sont à prendre en compte, mais soyez-en sûr, vous n’êtes jamais vraiment seuls dans le désert. La capacité d’un Etat à assurer le contrôle d’un territoire impactera sur, par ordre de probabilité :
- Les vols crapuleux et agressions
- Les contrôles inopinés et abus de pouvoir
- Les restes de guerre (mines, uxos)
- Les enlèvements et kidnappings lucratifs ou politiques
Braconniers, orpailleurs, trafiquants de drogue, militaires ou groupes armés peu coopératifs ? Renseignons-nous, histoire d’anticiper un peu !
Le retour à la vraie vie :
Grâce à votre préparation, tout ceci a été évité. Mission accomplie, vous voilà de retour à la civilisation.
Sur-stimulés, certains réagiront avec excès à des situations pourtant normales : l’incident stupide arrive vite.
Mais c’est souvent l’inverse qu’on observe : la pression retombe. Re-calibrer sa vigilance est difficile, un faux sentiment de sécurité généré par un environnement moins hostile s’installe. On célèbre avec l’équipe, on fait bonne chair, et on déambule dans les rues bondées pour acheter quelques souvenirs. Pourtant, dans un coin se cachent toujours :
- Les vols crapuleux
- Les accidents de transport
- Les agressions physiques
- Les attaques ciblées
- Le tout parfois couplé à l’usage de substances annihilant le jugement situationnel
Ceci est valable à Katmandou, mais aussi à Paris. Gardez le cap jusqu’à chez vous !
Enfin, si la déprime du retour peut-être liée à la santé, mentionnons-la ici : elle déclenche parfois d’étranges comportements chez les « revenants », qui ont du mal à reprendre pied dans cette réalité qui n’est plus la leur !
Que faire ?
Ces risques sont réels et leur impact potentiellement très grave, oui. Mais ils sont réductibles. Une bonne préparation, l’activation de réseaux, l’usage de compétences situationnelles, permettent d’éviter ou de se sortir de ces situations. Une analyse à froid des dangers et de nos vulnérabilités (personnelle, matérielle et projet) permet de mesurer les risques sans tomber dans la paranoïa. Alors seulement, nous mettrons en place des mesures adaptées pour les gérer, entre préparation et intuition de l’instant.