Préparation d’une expédition : pourquoi parler de la gestion des risques
Le terme d’expédition englobe tant de choses… Si vous interrogez 10 aventuriers, voyageurs, explorateurs ou athlètes, vous aurez surement 40 définitions différentes de ce que peut être une expédition. A mon sens, l’expédition implique une mission. Un but à atteindre. Une expédition peut être exploratoire sans autre but que de découvrir une zone inconnue. Elle peut être scientifique pour l’enregistrement de données et l’avancée de la connaissance), sportive pour battre un record ou encore commerciale, vendre des produits, ou plus simplement, promouvoir une marque. Quoi qu’il en soit, l’expédition implique souvent une longue préparation et l’investissement de moyens importants. Même les expéditions les plus légères, et solitaires, sont l’aboutissement d’un travail de longue haleine, un travail d’équipe, le regroupement de profils complémentaires.
La réalisation de l’objectif dépend de la solidité du projet dans son ensemble, bien au-delà du voyage en lui-même. L’expédition commence à domicile.
Évidemment, aucune expédition, même préparée parfaitement, ne se passera comme prévue. Et c’est toute la beauté de la chose. Ce petit goût d’aventure qui se cache entre les lignes des tableaux Excel, au milieu des cartes lues, relues et retournées dans tous les sens, apprises par cœur presque. Cette incertitude dissimulée entre les options A, B, et Z. « Si les plans ne valent rien, la planification est quant à elle essentielle ». Les enjeux sont importants, la pression est grande. L’expédition, engagée par nature, comporte des risques. Risque de réputation, en cas d’échec. Risques financiers, pesant sur le matériel. Et bien évidemment risques humains. Une expédition repousse des limites, et suppose la sortie de la zone de confort. L’objectif vaut-il qu’on risque sa vie pour le réaliser ? Sur quelle étroite ligne se tient-on, lorsque le risque et le bénéfice ne sont plus à l’équilibre ?
Le rôle d’une chargée de logistique et sécurité sur une expédition n’est pas de répondre à cette question, si ce n’est pour elle-même. Son rôle, c’est de questionner le contexte, détailler les contraintes du terrain, lister les ressources, accepter les zones grises, parfois, et fournir ces informations au chef de l’expédition. C’est proposer un état des lieux. Une fois la décision prise d’avancer, en connaissance de cause, sa fonction, c’est de tout mettre en œuvre pour que la mission aboutisse. Que l’objectif soit rempli, en minimisant les potentiels dommages.
Précision, souci du détail, créativité, adaptabilité, relationnel et intuition sont les éléments essentiels du cocktail de la gestion des risques, assemblés dans le shaker d’une méthodologie presque mathématique. Une science inexacte, une vision fine, pointue, et périphérique à la fois. Regarder loin, sans négliger le tout petit caillou sur le chemin. Oui, celui-là même qui se cache dans l’angle mort et viendra bloquer les rouages d’une machine qu’on avait pourtant si bien huilée.
Gérer la sécurité et la logistique d’une expédition, ce n’est pas en être l’unique responsable, ce n’est pas tout savoir, et tout savoir-faire. C’est se sentir assez proche d’un objectif et d’une mission pour vibrer à l’unisson, c’est y croire assez fort pour contourner tous les obstacles, pour déployer toute son énergie à la réalisation d’un but partagé. Ce n’est pas participer à une fuite en avant. C’est avancer, sans perdre de vue, jamais, la plus belle des victoires : donner aux protagonistes une chance de raconter leur propre histoire.
Finies les métaphores, passons à l’action. Comment procède-t-on pour remplir ce cahier des charges ?
Une analyse de risques, c’est un processus en plusieurs étapes [A suivre]
Marine Menier
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