Analyser les risques : une méthodologie précise, une science inexacte
Une analyse de risques pour préparer une expédition est un processus en plusieurs étapes.
Tout d’abord, on apprend à connaitre l’environnement : construction de réseaux locaux, prise d’informations à distance, collecte de données et détection de signaux plus ou moins évidents, liste des contraintes, des menaces, et des ressources également.
Cet exercice doit être réalisé dans tous les domaines : politiques, économiques, sociaux, environnementaux, technologiques, légaux. On découvre rapidement qu’on ne sait pas tout, qu’on ne verra toujours qu’une partie de l’iceberg malgré une connaissance accrue de la zone. Mais les enjeux, on les cerne rapidement et l’essentiel, c’est d’avoir un panorama assez large, mais précis, des environnements naturels et humains dans lesquels nous évoluerons. Forces, faiblesses, menaces, opportunités : l’analyse sera peaufinée dès l’arrivée sur la zone. Une acclimatation sera nécessaire.
L’étape suivante, c’est l’évaluation froide et mécanique des dites menaces, et de notre réelle exposition à celles-ci. L’attaque d’ours polaire est une réalité. Une réalité mortelle si elle survient, mais finalement peu probable en fonction des zones traversées. Quelle est la probabilité de la survenance d’un risque, et s’il se réalise, quel sera son impact ? Quelles seront les conséquences humaines, matérielles ? Cette évaluation permet la priorisation : passé dans le domaine du rationnel, un risque bien évalué retrouve sa place : un paramètre à prendre en compte et à gérer, et non un pur sentiment, une émotion, qui recouvre l’entièreté du pare-brise et obscurcit notre jugement.
Bien, nous avons désormais notre liste des risques évalués.
Notre rôle maintenant c’est de trouver des moyens pour réduire leur survenance, et la gravité de leur réalisation. Si le plan A de la prévention ne fonctionne pas, on passera au plan B pour ajuster le tir. Prévoir aussi le plan Z, qui en dernier recours, permettra de ne pas franchir la limite ultime, fixée avant le départ, à tête reposée. C’est le contrat signé entre toutes les parties prenantes. Accepter de se rapprocher de cette ligne, ce n’est pas accepter la mort possible. C’est être capable de la regarder en face, lucide, et de se dire qu’elle n’en vaut pas la peine.
L’un des éléments les plus importants lors de la réalisation de cette analyse, c’est la question des sources d’informations. Il vous faut des sources fiables, honnêtes, transparentes, qui vous fourniront des informations vérifiées et valides. Des sources qui n’ont pas intérêt à vous cacher la vérité ou une partie de celle-ci pour arranger leurs affaires. Activer les bons réseaux sur la base de relations préétablies et croiser les informations sont des étapes essentielles pour une solide analyse de risques !
Puis vient l’heure du départ : Accepter l’incertitude souvent, le brouillard parfois, la perte de contrôle due à la distance possible entre les équipes techniques, l’explorateur parfois solo, écouter les corps, les sensations pour suivre, en support, l’action. [A suivre]
Marine Menier